Bir-Hakeim – Focus sur le R.P. Jacques-Réginald Savey

Le 10 juin, nous commémorons la bataille de Bir-Hakeim, qui opposa, entre autres, les FFL aux forces germano-italiennes lors de la 2e guerre mondiale. Retour sur la vie du R.P. Jacques-Réginald Savey, dominicain et commandant du 1er BIMa.

Les Forces françaises libres ont compté un certain nombre d’aumôniers militaires catholiques dans leur rang : le révérend-père Alby, inspecteur des aumôniers de la France libre, en a témoigné dans la Revue de la France libre n°79 du 18 juin 1955. On peut notamment noter la présence, à Bir-Hakeim, des révérends pères Michel et Hirleman, spiritains, et Finet, jésuite.

D’autres prêtres ont été engagés dans les forces combattantes, dont le dominicain et compagnon de la Libération Jacques-Réginald Savey, tombé lors de la bataille de Bir-Hakeim, à 31 ans.

Il est choisi comme parrain de la promotion E.O.R. 90/08 des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan en 1990. Bien que n’ayant pas participé au conflit comme aumônier, son parcours et son rôle à Bir-Hakeim méritent d’être raconté.

Archives dominicaines de la Province de France/Tangi Cavalin, Nathalie Viet-Depaule, Dictionnaire biographique des frères prêcheurs.

La vie du chef de bataillon Savey – Extrait du livret de promotion « Chef de bataillon Savey »

Jacques-Réginald Savey est né le 10 octobre 1910. A 26 ans, révérend père dominicain, il part comme missionnaire en Syrie en Haute-Djézireh. Sous-Lieutenant de Réserve, Jacques-Réginald Savey est mobilisé le 28 août 1939 et affecté à un service de renseignement. Pendant l’été de 1940 il hésite deux mois, à cause de ses convictions religieuses, sur la conduite à tenir après la signature de cette Armistice, qu’il n’admet pas plus que la politique d’un gouvernement qui renverse les alliances traditionnelles de la France.

Dès le 28 juin 1940, sa décision est prise et il rallie les Forces Françaises Libres à Ismaïlia au Caire. On lui confia d’emblée le commandement d’une compagnie du Premier Bataillon d’Infanterie de Marine, récemment créé. Le 1er BIM, toute première des unités de la France Libre, formé de Français presque tous issus de l’infanterie Coloniale et seul bataillon où Jacques-Réginald Savey a servi, prendra l’appellation de BIMAP en octobre 1942 après Bir-Hakeim et deviendra en 1945 le Premier RIC (Régiment d’Infanterie Coloniale). Ses traditions sont actuellement conservées par le 1er RIMA (Régiment d’infanterie de Marine) basé à Angoulême.

Promu Capitaine en novembre 1940, Jacques-Réginald Savey a participé aux combats en Syrie, en Erythrée, en Cyrénaïque et en Egypte. Lors de la campagne d’Erythrée, à la bataille de Massaoua, en mai 1941, le 1er BIM fût cité à l’ordre de l’Armée. La 3e Compagnie, sous les ordres du Capitaine Savey, a provoqué la reddition de 1943 Italiens.

Nommé à la tête du 1er BIM en juin 1941 après la prise de Damas et promu Chef de Bataillon à cette occasion pour « services exceptionnels », Jacques-Réginald Savey a trouvé une mort glorieuse à la tête de son bataillon lors de la sortie de vive force de Bir-Hakeim le 10 Juin 1942. Il avait 31 ans. La citation décernant, à titre posthume, la Croix de la Libération au Commandant Savey, souligne la valeur morale et militaire exceptionnelle de ce prêtre missionnaire officier de l’Infanterie de Marine.

La dépouille du Chef de Bataillon Savey a été rapatriée de Bir-Hakeim en 1946. Le père Savey repose aujourd’hui au cimetière conventuel d’Etiolles avec ses frères de religion.

Icône de la Sainte Trinité, réalisée par l’élève officier Girard et offerte au Diocèse aux armées françaises, en hommage au R.P. Savey.

Extrait du mot du général commandant les Ecoles de Coëtquidan aux aspirants de la promotion « Chef de bataillon Savey »

Le Père Jacques-Réginald Savey est missionnaire en Syrie en 1939 au moment de la mobilisation.

Lieutenant de Réserve de l’Infanterie Coloniale, il est affecté, dès le début de la guerre, à un service de renseignement au Levant. Le 28 août 1940, il refuse l’armistice et rejoint les Forces Françaises Libres au Caire en pensant y servir comme aumônier militaire. Le manque d’officiers oblige ses chefs à lui confier le commandement d’une compagnie du 1er Bataillon d’Infanterie de Marine. Jacques-Réginald Savey n’accepte cette décision qu’à la suite d’un long et douloureux débat de conscience.

Présent à cette époque sur tous les champs de bataille de l’Afrique nord­ orientale et moyen-orientale, il rayonna à la fois comme soldat et comme prêtre. Soldat intrépide, meneur d’hommes tant par son exemplaire bravoure personnelle que par le prestige exercé sur ceux qu’il commandait, il est promu Chef de Bataillon en juin 1941 et nommé commandant du 1er Bataillon d’Infanterie de Marine.

Bir-Hakeim marqua le sommet de sa valeur militaire. Dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, entraînant derrière lui ce qui restait des Bataillons d’Infanterie de Marine et du Pacifique, il effectua conformément aux ordres du Général Koenig, une sortie de vive force, les armes à la main, taillant une brèche dans l’encerclement italo-allemand. C’est au cours de cette opération que le Chef de Bataillon Savey devait trouver la mort à la tête de ses hommes, les ayant amenés une nouvelle fois à la victoire.