Sainte Barbe

Sainte patronne de l’Artillerie, du Génie, des Sapeurs-pompiers et du Service de l’énergie opérationnelle

Le 4 décembre, les pompiers, les artilleurs, les artificiers, les mineurs fêtent sainte Barbe qu’ils vénèrent comme leur patronne et protectrice. Cette sainte martyre des premiers siècles veille en effet sur tous ceux qui approchent le feu, la poudre et les explosifs. Mais comment cette jeune femme qui a voulu rester fidèle au Christ jusqu’à la mort en est arrivée là ? Explications.

L’histoire de sainte Barbe -ou Barbara- tient plus de la légende que de l’histoire mais faut-il rappeler qu’étymologiquement, legenda, en latin, signifie « ce qui doit être lu » ? En effet, le récit de sa vie et de son martyre peut nous édifier et nous servir de leçon. Alors, penchons-nous sur cette légende.

Dans la première partie du IIIème siècle, originaire de Nicomédie (actuellement Izmit en Turquie), Barbe grandit dans un milieu non chrétien. Son père Dioscore est un fidèle adorateur des divinités païennes. Néanmoins, Barbe découvre les vérités chrétiennes par le biais de la lecture et, intérieurement, elle adhère à la foi catholique.

A 15 ans, elle est une belle jeune fille, intelligente et son père est riche : un beau parti en perspective, ce qui n’est pas sans inquiéter Dioscore qui doit partir pour un voyage qui le tiendra longtemps éloigné de sa maison. Il imagine donc d’enfermer Barbe dans une tour pour la protéger, durant son absence, des prétendants par trop entreprenants…

Toujours d’après la légende, cette tour où la jeune fille est privée de sa liberté tient plus du palais que de la prison : tout y est mis en place pour que Barbe puisse s’y épanouir. La jeune fille profite de l’absence de son père pour approfondir davantage ses connaissances religieuses et pour adhérer plus encore au Christ son Sauveur. Et elle souhaite en témoigner, le manifester. Ainsi, elle fera percer une troisième fenêtre, non pas tant pour donner plus de lumière aux pièces mais en l’honneur de la sainte Trinité. De même, elle fera dessiner sur les murs la croix du Sauveur. La colère de son père, à son retour, n’est pas très difficile à imaginer… Sa fille prise en train de céder aux « rêveries » des chrétiens : cela lui est juste insupportable, intolérable ! Au point que Barbe est obligée de fuir de la maison paternelle. Lorsqu’elle est rattrapée, la fureur paternelle se déchaine sur elle : la voici battue et humiliée, enfermée à nouveau dans la tour qui n’a plus rien d’une prison dorée. Elle y est traitée comme une esclave.

Voyant que Barbe persiste dans ses convictions, et désespérant de la faire changer d’avis, Dioscore la dénonce au préfet Marcion qui la fait comparaître devant son tribunal. La toute jeune fille –elle n’a que 16 ans– ne se laisse nullement impressionnée ni par les menaces, encore moins par les promesses. Marcion la condamne donc à la flagellation qui lui est appliquée de façon extrêmement brutale puis celle qui est encore une enfant est jetée dans une cellule. Pendant la nuit, le Seigneur Jésus lui apparaît, l’encourage et la console et, pour lui montrer combien Il est proche d’elle pendant ce martyre, Il lui accorde la grâce de voir cicatriser ses blessures : Barbe ne souffre absolument plus de la flagellation qu’elle a endurée et les traces mêmes des coups de fouets et de chaînes ont disparu !

Le lendemain, lors d’une deuxième comparution devant le tribunal, Marcion et les magistrats qui l’entourent ne peuvent que constater le miracle… Il ne faut pas perdre la face ! Marcion rend grâce à ses faux dieux de leur clémence à l’égard de l’apostat et presse la jeune fille à en faire de même, ce qu’elle refuse, évidemment, fermement : elle sait de qui elle tient cette grâce ! la vengeance du tribunal sera à la hauteur de leur colère : les tortures qui s’abattent sur la jeune fille sont innommables de cruauté. C’est à cette occasion qu’un autre miracle est relaté par la légende : alors que pour humilier Barbe, les bourreaux l’ont dénudé afin d’ajouter la honte à la douleur, la jeune fille demande au Ciel de cacher sa nudité. Ses paroles de supplication sont rapportées par les hagiographes : « Ô mon Seigneur et mon Roi qui couvrez quand il Vous plaît le ciel de nuages et la terre de ténèbres, daignez cacher la nudité de mon corps afin que les yeux des païens ne le voyant point, ils n’aient pas l’occasion de se moquer de votre pauvre servante. » Sa prière fut exaucée : Dieu couvrit le corps de la pauvre suppliciée d’un vêtement de lumière pour voiler son intimité. Marcion comprit que la détermination de la jeune fille était intacte et craignant que son exemple ne puisse ébranler les témoins et les tourner vers le Christ, décida d’en finir : « Qu’on lui coupe la tête ! » Dioscore, qui avait assisté au jugement et aux sentences qui s’appliquaient à sa fille, demanda à exécuter lui-même cet ordre, comme pour expier la honte et le déshonneur que l’attitude de Barbe, croyait-il, faisait planer sur sa famille.

Tandis que Barbe était menée en dehors de la ville pour y subir sa peine, elle faisait monter avec ferveur sa prière vers le Ciel : prière de remerciements pour cette grâce du martyre qui lui était accordée, prière d’intercession pour tous ceux qui souffrent à cause du nom du Christ. Cette attitude de confiance acheva d’exaspérer Dioscore qui fit hâter les préparatifs et décapita de sa propre main sa fille. Mais tandis qu’il s’en retournait à la cour, fier de son zèle à servir ses dieux et à combattre au sein de sa propre famille les membres de l’Eglise, rassuré d’avoir ainsi lavé la honte familiale, la foudre lui tomba sur la tête, réduisant, nous dit la légende, tout son corps en cendres au point qu’il en resta rien ! Ces événements se déroulèrent un 4 décembre, date qui fut conservée comme celle de « la naissance au ciel » de Barbe. Impressionnés par cette manifestation si inattendue de la foudre, nos pères ont désigné sainte Barbe comme la patronne et protectrice de tous ceux qui travaillent le feu et la poudre et la voici patronne des pompiers, des artificiers, des artilleurs, des canonniers, des mineurs. Elle est véritablement « la sainte du feu » et elle est invoquée aussi les soir d’orage ou de tempête par l’adage « Quand tonnerre grondera, sainte Barbe te protégera. »

Padré Gaëtan