Avec un cœur de Père

Il y a 150 ans, le Bienheureux Pape Pie IX déclarait : « saint Joseph patron de l’Église universelle ». À l’occasion de cet anniversaire, le pape François a décidé de célébrer le père adoptif de Jésus durant une année spéciale allant du 8 décembre 2020 au 8 décembre 2021. C’est une figure exceptionnelle qui est mise à l’honneur ; une figure pleine d’humilité, dont les évangiles ne parlent finalement que très peu.

Saint JosephLes textes nous disent de saint Joseph qu’il est un juste, ce qui est la définition d’un saint dans l’Ancien Testament. C’est un homme qui cherche à mettre sa vie en adéquation avec sa foi et à suivre Dieu, y compris dans l’épreuve. Le Révérend Père Michel GASNIER, O.P dans un petit livre appelé « Joseph le silencieux » défend la thèse que face à cette maternité de Marie qu’il ne comprend pas et dont il pense qu’il n’a pas de part à prendre, Joseph préfère le silence et l’abandon du mariage avec cette jeune femme qui a un secret avec Dieu…

J’aime à croire que sa velléité de répudiation de la Sainte Vierge ne relève finalement pas d’un doute sur la fidélité de sa promise, il sait qu’elle n’a pas fauté. Joseph doit concevoir un plan dans lequel il prendra entièrement la responsabilité de la répudiation, quitte à apparaître comme un lâche qui fuit sa responsabilité de père devant sa jeune fiancée enceinte. Il faut l’apparition de l’archange Gabriel pour que Joseph accepte finalement de faire partie du plan de Dieu et de prendre pour époux la Mère de Dieu , de veiller sur elle et sur l’Enfant Jésus, le Verbe fait chair. Bien plus, il permet au fils de Marie d’être aussi le fils de David, de la lignée royale d’où le Messie doit venir et ainsi son rôle est loin d’être symbolique.

Un exemple pour les pères de famille

ll est aujourd’hui un exemple pour les pères de famille qui, à l’instar de ce charpentier, sont appelés à travailler pour être, selon le plan de Dieu, les intendants de ce monde où l’Homme combat dans la foi pour devenir, avec la grâce de Dieu, l’Homme nouveau appelé par Dieu à communier avec Lui dans la vision de la Trinité Très Sainte. Par sa paternité et avec sa femme, le Père de famille, suivant son modèle est aussi celui qui coopère à l’acte créateur et recevant la vie, il donne la vie. Plusieurs d’entre eux nous livrent leur témoignage dans ce nouveau numéro d’Egmil.

Saint Joseph est aussi un exemple pour les militaires. L’origine de la paternité, en latin, est aussi celle du pays et ainsi se rejoignent ces deux familles indissociables que sont la famille et la Patrie. Oserai-je dire que si la famille est une Eglise domestique pour la grande Eglise, elle est aussi une patrie domestique pour la grande Patrie. Il semble loin le temps où l’armée française avait les yeux braquée sur la ligne bleue des Vosges, et pourtant il est bon de nous redire souvent que si les grandes opérations amènent le militaire très loin de la terre charnelle de sa Patrie, c’est bien, d’abord pour la défendre qu’il s’engage. Comme saint Joseph a fait le sacrifice de ses espérances légitimes en acceptant d’épouser celle qui dans le secret était l’épouse du Très-Haut, le militaire n’est-il pas celui qui peut offrir le sacrifice de sa vie pour les deux familles qu’il sert et qu’il aime de toute son âme et de toute sa force ?

A la suite du Juste qui sût humblement s’effacer devant le plan de Dieu et qui, pourtant, eut l’immense joie de mourir silencieusement en compagnie du Verbe divin et dans les bras de la Reine du Ciel, marchons, nous aussi, vers la sainteté que nous donne en modèle la famille de Nazareth et son Pater familias, saint Joseph.

Père Benoît Galvan, aumônier en chef adjoint Terre