L’Église et l’arme nucléaire – Synthèse de Mgr Antoine de Romanet

« L’arme nucléaire en 2019 : évolutions stratégiques, militaires, diplomatiques, juridiques et morales. Quelle parole pour l’Église catholique aujourd’hui ?  » SYNTHÈSE EN 24 POINTS

Arme nucléaire
Arme nucléaire

Mgr Antoine de Romanet : « L’arme nucléaire en 2019 : évolutions stratégiques, militaires, diplomatiques, juridiques et morales. Quelle parole pour l’Église catholique aujourd’hui ? »

 

SYNTHÈSE EN 24 POINTS

 

« Si vous mettez l’arme nucléaire hors-la-loi, seuls les hors-la-loi utiliseront l’arme nucléaire »

 

  • Avec la mise en œuvre de l’énergie atomique sous forme d’armes de guerre, l’humanité est entrée dans un « nouvel âge », terrifiant : désormais l’homme a pénétré l’intime de la matière/masse/énergie et tient entre ses mains la capacité de décider de la « fin du monde ».
  • Il faut un important investissement personnel pour sortir de tensions clivantes entre les « pour » et les « contre » le nucléaire militaire: le sujet n’est ni d’être « pour » ni d’être « contre », mais de partir du réel pour tenter d’avancer concrètement vers un monde de justice, de confiance et de paix. Le coeur du sujet est que la rationalité de la dissuasion tient au fait qu’elle « contient » la violence, au double sens du terme, c’est-à-dire qu’elle est cette stratégie qui intériorise une violence absolue pour la limiter absolument, c’est-à-dire pour en interdire l’emploi. La question du nucléaire a tout à gagner à être intégrée dans une approche structurée, transversale et globale prenant en compte la complexité et la volatilité des réalités géopolitiques contemporaines.
  • L’arme nucléaire comme acculant l’humanité à réaliser son unité face à la menace : face à la violence désormais infinie, l’humanité prend conscience d’elle-même et de son unité ; elle a tout entière la responsabilité de sa vie et de sa mort ; elle est unie. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, peut-être l’entrée dans l’âge atomique marque-t-elle aussi l’entrée par la face négative dans une histoire réellement universelle, c’est-à-dire une histoire où l’humanité peut se poser comme sujet responsable d’elle-même et de son avenir.
  • La question est celle du chemin, qui est d’abord un chemin moral et spirituel de conversion et de désarmement des cœurs : il convient de ne pas s’égarer dans des considérations techniques ou stratégiques qui peuvent masquer le vrai sujet, celui des mécanismes de régulation, de négociation, de dialogue et de confiance sur un mode « gagnant-gagnant », et donc d’abord et avant tout celui de la conversion des âmes ! Le nucléaire n’est qu’une question secondaire de la question militaire qui est elle-même secondaire de la question politique et vient occulter la question de fond de la paix et de la justice. Est-il satisfaisant qu’une grande partie de l’humanité fasse reposer sa sécurité sur un moyen de destruction massive ? Est-il moral de cibler des civils pour préserver la paix ? Non, en aucune manière ! C’est une réalité dont on doit chercher les voies de sortie !
  • La question n’est donc pas de se focaliser uniquement sur une fin idéale : avec le rejet de l’emploi de la force en toutes circonstances et l’interdiction immédiate et unilatérale des armes nucléaires, le risque serait de renoncer à accompagner une véritable réflexion éthique sur les moyens de transformer dès à présent l’ordre mondial et à influer sur le cours de l’histoire, ou, pour le dire autrement, de fixer un horizon sans se préoccuper du chemin permettant d’y conduire de façon concrète. Il s’agit d’avoir la capacité non pas de diviser mais d’unir la communauté internationale et l’ensemble des parties concernées en vue d’une participation active à la construction d’une vision de long terme de sécurité et de paix.
  • La question n’est pas tant celle du bien ou du mal que celle du « moindre mal » : Jean-Paul II avait, en 1982, (AG de l’ONU), appelé à « affronter les problèmes avec réalisme et honnêteté » et souligné que, dans les conditions d’alors, « une dissuasion basée sur l’équilibre, non certes comme une fin en soi mais comme une étape sur la voie d’un désarmement progressif », pouvait « encore être jugée comme moralement acceptable ». Les évêques de France, le 8/11/1983, écrivaient dans un document intitulé « Gagner la paix » : « affronté à un choix entre deux maux quasiment imparables, la capitulation ou la contre-menace… on choisit le moindre, sans prétendre en faire un bien ! ». « En politique étrangère, ce n’est jamais la lutte entre le bien et le mal, écrivait Raymond Aron, c’est toujours la lutte entre le préférable contre le détestable».
  • On ne peut se contenter d’une logique binaire : il est à peu près clair pour tous qu’un désarmement nucléaire unilatéral serait un chemin dangereux exposant aux menaces les plus radicales. On ne peut faire l’impasse d’une réflexion sur la nature, démocratique ou non, des États. Sinon la réalisation de l’ambition morale de certains reviendrait à ne laisser les armes nucléaires qu’aux dictatures. En face de la bombe atomique, considérée tout simplement comme le problème de l’existence de l’humanité, il n’y a qu’un seul autre problème qui ait la même valeur : le danger de la domination totalitaire… avec sa structure terroriste qui abolit toute liberté et toute dignité humaine. Là, on perd l’existence ; ici, on perd l’existence digne d’être vécue.
  • Le TIAN (Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires) a l’immense mérite de faire sortir d’une sorte de tranquillité illusoire un sujet qui ne peut laisser personne en repos ! A bien des égards, l’Église catholique ne pouvait pas se positionner autrement qu’elle ne l’a fait, en assumant une position prophétique essentielle. Pour autant, on peut avoir signé le TIAN et avoir des réserves à son sujet. On peut prendre en compte ses limites et ses ambiguïtés pour avancer de façon d’autant plus déterminée vers le but que tous partagent d’un monde exempt d’armes nucléaires.
  • Le TIAN est une illustration d’une thèse centrale de Max Weber : la distinction entre l’éthique de la conviction qui défend une croyance doctrinale sans se soucier des conséquences et donne la priorité aux intentions sur les résultats, par opposition à l’éthique de la responsabilité, qu’il favorisait, et qui prend en compte les conséquences dans l’évaluation morale en donnant la priorité aux résultats sur les intentions. Toute l’histoire des relations internationales l’illustre : “Le désarmement nucléaire ne se décrète pas, il se construit”, et cela en tenant compte du contexte stratégique.
  • La question n’est pas tant l’outil que l’esprit : un certain nombre de fondamentaux exprimés par le Pape François dans Evangelii Gaudium (n° 223 à 236) offrent un cadre de réflexion particulièrement inspirant :

+ Le temps est supérieur à l’espace : il faut entrer dans une intelligence historique, en vue de « créer les conditions d’un possible désarmement ». Il faut voir les choses dans un temps long, en terme de processus. Il s’agit d’entrer dans une démarche prophétique et d’ouvrir un chemin.

+ L’unité prévaut sur le conflit : c’est également un axe central de « Laudato Si » : tout est lié ! La question de fond est celle de la paix indissociable de la justice.

+ La réalité est plus importante que l’idée : d’où l’importance décisive de considérer l’évolution de la situation stratégique/géopolitique et des moyens de défense. Il ne s’agit pas de formuler des pétitions de principe mais de dégager un chemin concret et réaliste à partir de ce qui « est ».

+ Le tout est supérieur à la partie. Il s’agit de considérer la question de manière holistique, sans détacher artificiellement le « nucléaire » de l’ensemble du réel militaire, politique, économique, diplomatique, culturel des peuples et de leur histoire.

Ces quatre principes peuvent nous aider à situer une parole d’Église à sa juste place, qui n’est pas celle d’une ONG militante mais celle d’une démarche prophétique ouvrant un chemin pour tous. Il s’agit de n’être ni naïf ni angélique : qui mieux que l’Église connaît la faiblesse du cœur de l’homme, la réalité de la tentation de puissance tapie à l’intime de la nature humaine ?

  • Il s’agit de partir de ce qui est : le péché, la bombe, les hommes, les États-Nations, les logiques de puissance, le système international tel qu’il est, pour avancer et se convertir. Il ne s’agit pas de condamner ou de justifier le nucléaire militaire et la dissuasion : ils sont là, comme expression du péché des hommes dans leur volonté de puissance et de domination, avec un total cynisme politique de certains États imposant leur hégémonie, en ne voyant que leurs propres intérêts dans une logique de pur rapport de force. Il ne s’agit pas de se focaliser sur la situation de péché in abstracto, il s’agit d’offrir un chemin de conversion, de lumière, d’espérance… Il s’agit de savoir comment on progresse vers un monde plus sûr, plus juste, plus confiant, plus fraternel ! C’est toute la démarche du Pape François : on part de la réalité et on avance vers le bien… Il faut détester le péché et aimer le pécheur… Il est stérile de condamner et ensuite de ne pas accompagner pas à pas sur le chemin qui donne plus de justice, de paix et de sécurité.
  • La réalité du cycle géopolitique de 2019 est celui d’une phase de réarmement général : modernisation et renouvellement des capacités nucléaires et des vecteurs, prolifération (Iran et Corée du Nord au moins), révision des doctrines nucléaires avec un retour vers les armes tactiques. Cela s’accompagne du passage de la domination de deux blocs à une multiplicité d’acteurs, d’intérêts et de tensions, avec une fragilisation des structures étatiques au profit d’acteurs non-étatiques et une tendance croissante à ignorer les principes les plus fondamentaux du droit international et à l’effacement du rôle des Nations Unies.
  • Le nucléaire dont nous parlons est déjà dépassé par « l’extension du domaine de la menace » (intelligence artificielle, homme augmenté, biotechnologies…)
  • + la distinction entre armes conventionnelles et armes nucléaires est dans les faits de plus en plus poreuse
  • + le désarmement s’est toujours fait par le progrès technologique ! Un jour, le nucléaire tel que nous le connaissons sera dépassé.
  • + l’éthique court derrière la technique qui ne cesse d’évoluer : elle a toujours un temps de retard… Tout ce qui est techniquement possible se fait à un moment ou à un autre.
  • + Il faut considérer que les vraies menaces sont aussi dans le domaine du bactériologique et du chimique : si la Première Guerre mondiale (1914-1918) a fait 10 millions de morts, la grippe espagnole (1917-1919) a causé 50 millions de morts…
  • + dans le domaine du cyber, il est possible de paralyser un pays et de tuer des millions de personnes (plus de services publics, d’hôpitaux, d’électricité…). On peut également manipuler les opinions publiques et mettre en danger la démocratie.
  • + le risque vient dès à présent de l’espace avec les fusées hyper-véloces, le contrôle/destruction de satellites, le contrôle/destruction des moyens de communication et de contrôle.
  • le but à atteindre, c’est la paix et la sécurité dans la justice : la question n’est pas tant de supprimer le nucléaire que de s’interroger sur l’après nucléaire – Le monde sans arme nucléaire ne serait pas « le même sans la bombe », mais un monde totalement différent. Avec la modification d’un seul élément on assiste au bouleversement de tous les éléments, et comme il s’agit ici d’une clef de voûte, c’est la voute même qui risque de s’effondrer dans son ensemble. Comme on ne « dés-inventera pas la bombe », on peut imaginer qu’un monde « dénucléarisé » serait plus instable que jamais, une bonne dizaine de pays ayant alors le doigt sur la gâchette, prêts à « refaire » des armes nucléaires : le premier qui aurait reconstitué des armes nucléaires les utiliserait soit pour contraindre, soit à titre préventif… Ce serait un monde électrique.
  • La question est humaine avant d’être technique : rôle de la « géopolitique des émotions, des sentiments, de la confiance ». Rôle de l’honneur, de la puissance, de la revanche, de l’humiliation… Se comprendre soi-même et comprendre l’autre… Le nucléaire n’est ni la cause ni la solution à tout ! La vraie question est celle de la paix. Il faut élever le débat, l’élargir, le mettre à la bonne dimension du « tout est lié ». Il s’agit de partir d’une analyse rationnelle de nature politique, géo-politique, militaire, économique, technologique, diplomatique, juridique, scientifique, historique, culturelle… La seule possibilité pour construire la paix, c’est le dialogue entre les pays. La vraie garantie de la paix et de la sécurité internationale, c’est l’accès de tous, en particulier des plus pauvres, au développement et à la protection des droits fondamentaux des plus faibles, comme l’a énoncé avec force Paul VI dans l’aencyclique Populorum Progressio: « Le développement est le nouveau nom de la paix ». Tout est inter-connecté : le désarmement nucléaire est étroitement lié au « développement humain intégral » et à « l’écologie intégrale ».
  • Il convient d’entrer dans une approche générale du rôle des traités dans l’établissement de la paix : les traités sont efficaces dès lors qu’ils entérinent des équilibres et non lorsqu’ils visent à réduire des déséquilibres. Ainsi le travail de fond consiste à œuvrer pour la réduction des tensions réelles et non à les dissimuler derrière des traités contraignants dont l’histoire montre qu’ils n’ont d’autre force que celle de la chose écrite. Le désarmement est fruit de la détente et non pas cause de la détente. Seules les puissances nucléaires peuvent négocier entre elles le désarmement : il s’agit de désarmer à « sécurité égale », et ce ne peut être le fait que des États dotés.
  • Il n’y a pas de gouvernance internationale autre que celle qui résulte de la coopération entre les États-Nations : les relations internationales ont toujours été de l’ordre du désordre, pas du chaos ! Un « ordre » serait peut-être pire que tout, car « aux mains de qui »?  Nous n’aurions alors plus « des armées » mais « une police » ! Ce sont les États-Nations qui sont les mieux outillés pour gérer les désordres et réguler les mouvements, en dégageant des principes universels de dignité/transcendance : de la nature humaine et de la fraternité, de la justice et de l’équité, du respect de la planète et des ressources que nous avons en partage…
  • Le combat pour la paix doit monter des populations vers leurs dirigeants : coopération réelle et complète, construction d’une authentique société internationale, engagement libre d’une humanité responsable de sa vie et de sa mort, qui fait l’expérience de sa finitude… Il faut engager les États-Nations à construire ensemble un monde du « Bien commun » où celui-ci se révèle être plus que la simple addition des intérêts strictement nationaux, un monde fondé sur la justice et le droit… C’est une véritable révolution morale qui doit s’opérer pour passer de l’affrontement des orgueils et des egos à une paix des cœurs enracinée dans une transformation morale, intellectuelle et politique qui ne peut passer que par une authentique démocratie. La paix vient de l’unité.
  • Le nucléaire accule l’humanité à une conversion morale et à une nouvelle approche des relations internationales : c’est à la construction d’un nouvel ordre international que l’humanité doit s’attacher de la manière la plus essentielle. Toutes les grandes questions les plus contemporaines : la démographie, l’eau, l’air, les ressources naturelles, le climat, la biodiversité… ne connaissent pas les frontières politiques et les États-Nations, pas plus que les logiques d’empire… Tout est lié comme jamais, et la dimension nucléaire participe de cet ensemble. On ne peut l’extraire comme un sujet « à part » alors qu’il s’agit d’un sujet totalement « intégré » à l’ensemble des questions les plus essentielles de l’humanité.
  • Nous pouvons appeler de nos vœux une approche globale sur un certain nombre d’objectifs de moyen et de long terme :
  • + le développement d’un climat de confiance entre les États, en déployant toutes les mesures capables de faire baisser les tensions et les menaces ;
  • + des négociations concernant l’accès équitable pour tous aux ressources vitales pour les populations et l’économie : l’eau, l’énergie, les matières premières…
  • + le respect par les États de leurs engagements internationaux, le développement du droit international et la recherche de politiques actives de stabilité équitable ;
  • + des politiques volontaristes de développement et de solidarité de nature à réduire les inégalités et la misère ;
  • + la recherche de méthodes ayant pour but la réduction, puis l’élimination de tous les armements, avec des mesures volontairement acceptées de contrôle par tous les États, y compris les plus grands ; ainsi que des mesures de contrôle efficace du commerce des armes.
  • L’histoire de l’Union européenne indique un chemin : par la mise en place de procédures politiques et d’un droit accepté et reconnu collectivement ainsi que par la négociation permanente des intérêts concurrents ; de tels mécanismes peuvent fournir une alternative stable à la confrontation armée. Il convient de multiplier les partenariats associant de multiples intervenants en vue du bien commun à un niveau global, en articulant au mieux solidarité et subsidiarité, tant il est vrai qu’une paix authentique provient de l’unité.
  • La réalité est que nous avons actuellement neuf états dotés de l’arme nucléaire : cinq officiellement et quatre dans les faits. Et, d’une certaine manière, on constate « une bombe par religion » : la bombe catholique à Paris ; la bombe anglicane à Londres; la bombe protestante évangélique à Washington; la bombe orthodoxe à Moscou ; la bombe juive à Tel Aviv; la bombe sunnite à Islamabad, la bombe hindoue à New Delhi ; la bombe confucéenne à Pékin et à Pyongyang, en attendant peut-être un jour la bombe chiite à Téhéran… Il y a certainement quelque chose à penser sur le registre d’un dialogue inter-religieux. Parlons ensemble, car nous portons tous dans le cœur le désir du meilleur ; nous voulons tous le bien, le vrai, le beau, le juste, nous voulons la fécondité, l’épanouissement, le respect de l’autre. En allant chacun au plus profond de nous-mêmes, nous partageons les valeurs les plus essentielles. Quelle avancée cela serait si nous pouvions établir un authentique dialogue. Le fait est que l’Église catholique romaine est la seule à être par nature dans une dimension absolument transnationale. Elle peut être ici motrice pour aider chacun à sortir de la culture nationale qui tend très vite à engluer toutes choses, à commencer par la réalité religieuse. Il s’agit de raisonner plus large, plus loin, plus haut que le simple cadre des États-Nations. Cela peut être une matrice essentielle pour tous les hommes de bonne volonté.

 

  • Un puissant mouvement inter-religieux serait ici particulièrement bienvenu et fécond : à l’initiative du Saint-Siège, il serait heureux d’initier un dialogue œcuménique sur ce sujet entre catholiques, protestants et orthodoxes, et de déployer celui-ci avec les juifs, les musulmans et les sagesses orientales. Cela aurait un poids considérable en termes culturel et religieux, ouvrant à une prise de conscience planétaire de la gravité du sujet ! Tous doivent se prendre par la main pour enclencher une dynamique de désarmement et de coopération universelle. Si nous en sommes incapables dans nos dimensions religieuses, comment voulons-nous y exhorter les autorités politiques de nos pays ? Si nous ne montrons pas la voie en ouvrant un dialogue sincère et fraternel au nom des valeurs qui habitent nos consciences et que nous partageons largement en terme de respect de l’humanité en général et de respect de chaque personne humaine en particulier, qui le fera ?