Retour sur l’exercice Falcon Amarante

Un padre s’entraîne à l’engagement dans l’urgence

L’exercice Falcon Amarante 21 vise à entretenir un certain nombre de savoir-faire spécifiques. L’entrée en premier sur un territoire combine des opérations dans la profondeur, des actions offensives et défensives, dans le cadre d’un combat de haute intensité, face à un ennemi durci disposant de blindés et d’appuis lourds.
Aussitôt, les parachutistes sont mis en alerte et l’état-major de la brigade est déployé au Pôle National des Opérations AéroPortées (PNOAP) de Toulouse-Francazal pour préparer son intervention. Le salut ne vient-il pas du Ciel ? Mis en alerte immédiatement, je suis prié de me présenter rapidement non seulement pour soutenir moralement et spirituellement ceux qui vont entrer en premier mais encore pour accueillir deux aumôniers britanniques de la 16 Air Assault Brigade (16AAB ou 16X). En effet, sur près de 3000 hommes mobilisés, 1100 parachutistes britanniques sont associés à cet exercice majeur de l’Airborne – Combined Joint Expeditionary Force (A-CJEF).

La veille de l’opération aéroportée, la chapelle saint Michel et saint Christophe du quartier Edme est prise d’assaut par les parachutistes qui demandent encore une fois à leur saint patron de les protéger dans ce nouveau combat. Malgré le froid et le vent, je passe des heures sur le tarmac à encourager les parachutistes et à les aider à s’équiper. Lorsque c’est possible, je monte dans les aéronefs, à la place du Padre, c’est à dire «en chapelle» (sur la rampe d’accès) pour bénir les sautant au moment du grand saut vers l’inconnu. L’inconnu ? Pas vraiment, car ils sautent sur le camp de Caylus dans les Causses du Quercy avant de se déployer pour onze jours en terrain libre, jusqu’au Lot et même au-delà, jusqu’au camp de la Courtine où des ressortissants sont évacués.

Malgré la haute intensité de l’exercice, les parachutistes britanniques et français n’oublient pas d’honorer ensemble l’armistice du 11 novembre. L’occasion pour moi d’inviter mon homologue de la 16X aux commémorations toulousaines et de fraterniser avec lui lors de ce Remember Day où bleuets et poppys fleurissent sur nos poitrines. De retour sur le camp de Caylus, je fais de son mieux pour visiter chaque unité de la 11e BP engagée (EM, 11e CCTP, 1er RTP 1er RHP, 1er RCP, 17e RGP…) distribuant des kilos de bonbons. Sur ordre du ComBP, j’arrête de papillonner pour me concentrer sur les éléments les plus exposés des 3e et 8e RPIMa harcelés sans arrêt par l’ennemi redlandais. Je partage ainsi l’insécurité et la bagarre (cf. prière du parachutiste), les longues heures de veille de jour comme de nuit, la fraicheur du fond l’air ou la chaleur d’un café ! Autant de moments propices pour témoigner de notre vocation particulière au milieu des combats, aussi bien extérieurs qu’intérieurs (au plus profond des cœurs) pour renforcer les liens de la fraternité d’âme. Cet exercice a montré que la brigade parachutiste ainsi que l’aumônerie sont prêtes à l’engagement dans l’urgence et apte au combat de haute intensité.

Padre Damien