L’abbé Louis-Benoît Bœuf, aumônier-brancardier au courage extraordinaire

De 1914 à 1918, l’abbé Louis-Benoît Bœuf a œuvré comme aumônier et brancardier du 92 Régiment d’Infanterie. Un exemple de courage et de dévouement au service des blessés.

Né à Job (Puy de Dôme) le 5 juillet 1887, il est ordonné prêtre pour le diocèse de Clermont le 9 juillet 1911 ; Il est alors vicaire à Chappes-Beaufort.

Mobilisé le 04 août 1914 au 292 R.I (régiment de réserve du 92) il participe à la bataille d’Alsace puis convalescent à l’hôpital militaire d’Annecy des suites d’une maladie contagieuse.

Il rejoint le 1er octobre 1914 la septième compagnie du 92. Il participe à partir du 15 à la bataille de Couchy-les-pots puis il rejoint Ypres et participe aux combats de Zoonebeck.

A partir du 28 décembre 1914, il va passer huit mois en première ligne dans les tranchées de l’Oise (combats de Cessier et de Beuvraignes) sans relève ni repos étant le seul prêtre du régiment à ce moment-là – les 2ème et 3ème bataillons se relevant tous les quinze jours-.

Il reçoit durant cette période un autel portatif lui permettant de célébrer la messe en tout lieu pour ses soldats dans des chapelles improvisées successives. La première en dehors d’une église a lieu le 5 février 1915.

Il est blessé le 23 août 1915 d’une balle qui lui traverse l’épaule, en allant visiter les avant-postes. Il est évacué sur l’hôpital militaire de Paramé. Il est cité à l’ordre de l’armée et reçoit la croix de guerre avec palme :

« Le soldat brancardier Bœuf qui remplit en même temps les fonctions d’aumônier du régiment, montre depuis le début de la campagne un dévouement et un courage qui font l’admiration de tous. A chaque affaire, à chaque bombardement, Il se porte au milieu des obus au secours de ses camarades blessés, à quelques endroits qu’ils soient tombés. Pendant le dernier bombardement d’une extrême violence, qui a été dirigé sur les tranchées occupées par le régiment, il est parti, à moitié vêtu, à travers champs, pour aller au plus vite donner des soins à des camarades grièvement blessés et ne les a pas quittés tant qu’ils n’ont été en sécurité au poste de secours. »

Il est cité une seconde fois à l’ordre de l’Armée, il se voit conférer la médaille militaire et une deuxième palme à da croix de guerre :

« A depuis le début de la campagne, donné en toutes circonstances, les preuves du plus beau courage, de l’abnégation la plus complète et du dévouement le plus absolu en allant soigner sous les feux les plus violents les blessés aux endroits les plus exposés. Vient d’être grièvement blessé dans l’exercice de ses fonctions »

17 septembre 1917 – Général commandant en chef Joffre

Après une longue convalescence, inapte au service actif, il est réintégré au 92 par décision du général commandant la division sur demande du chef de corps comme brancardier hors cadre, chargé du service religieux le 19 mars 1916. Il participe aux combats de Chaunes où meurt d’une rafale de mitrailleuse l’aumônier divisionnaire, l’abbé de Cabrol au côté du chef de corps du 139 R.I.

Il est blessé légèrement par le souffle d’obus qui touche le poste de secours en novembre 1916.

Il est gazé, le 20 août 1918 dans le bois de Bethelainville lors de la reprise de Côte 304 (Verdun).

En février 18, il est avec le régiment au fort de Vaux, Il est en première ligne dans le secteur de Bezonvaux. Il est de nouveau gazé le 16 mars. Après avoir combattu dans la Somme et dans le saillant de Saint-Mihiel, Il participe en octobre 1918 à la reprise du bois des Caures.

Il meurt d’un éclat d’obus dans la gorge lors de la relève du poste secours du 92 par celui du 121.

Le colonel du 92 dans l’ordre du jour 542 lui rend ce témoignage :

« En lui le régiment perd un modeste serviteur dont le rôle fut immense. »