Barkhane : rencontre avec l’aumônier militaire catholique Damien de la Base aérienne projetée de N’Djamena

Le P. DamienAncien sous-officier en gendarmerie mobile de montagne pendant 6 ans, le P. Damien est l’un des 147 aumôniers militaires du Diocèse aux Armées. Ordonné prêtre en 2016, il a été nommé à Paris auprès de la force Sentinelle. Une expérience exceptionnelle qui lui a permis pendant un an de côtoyer une diversité de soldats venus des quatre coins de l’hexagone. En 2017, il a rejoint Toulouse et la 11e brigade parachutiste. Habitué des théâtres d’opérations grâce à son expérience passée, le père Damien est à N’Djamena pour la deuxième fois en deux ans comme aumônier militaire catholique du fuseau Est*.

Padre, quel est le rôle de l’aumônier militaire dans le domaine cultuel en opération extérieure ? 

Le rôle de l’aumônier militaire est très simple. Nous sommes là pour assister spirituellement tous les soldats quelle que soit leur religion durant cette période particulière qu’est l’opération extérieure. En ma qualité de prêtre catholique, il s’agit d’être à leur disposition pour tous les sacrements de leur vie chrétienne : le baptême, le mariage pour ceux qui s’y préparent en France et dont le temps ici peut être mis à profit, la première communion, la confirmation ou encore la confession. Je célèbre également la messe tous les jours dont la grande messe du dimanche à la chapelle de la base aérienne projetée de N’Djamena ou dans des sites isolés. Je me suis ainsi rendu, le 16 août dernier, à Faya-Largeau célébrer une grande messe avec la communauté catholique. Il n’y en avait pas eu depuis 2017.

Quel est le rôle de l’aumônier militaire dans le soutien moral aux armées ?

Le soutien moral aux armées est une question très importante et très vaste. J’aime beaucoup cette expression de « capteur moral » utilisée par nos chefs aussi bien militaires qu’ecclésiastiques, pendant la période du Covid-19 que nous avons vécue en métropole avant notre départ. Les autorités ont fait des aumôniers des capteurs du moral alors que les troupes étaient confinées à domicile ou au sein de leur caserne. Nous avons eu le droit d’aller leur rendre visite pour pouvoir leur apporter un soutien tant humain que spirituel, les encourager à tenir pendant cette période qui pour certains a pu être compliquée, à les encourager à être ferme dans leur vocation militaire. Ces visites au contact de la troupe nous ont permis en retour d’être en capacité de renseigner le commandement sur l’état du moral des soldats. C’est la même chose en opération extérieure. Notre lien privilégié et unique avec les soldats nous permet d’avoir une vision de leur état psychologique et moral.

Quel votre rôle dans l’appui au commandement ?

 Il ne s’agit pas bien sûr d’un rôle de conseiller tactique. Ma mission est de conseiller le commandement sur des questions éthiques qui peuvent être posées à l’occasion d’opérations. Ensuite, notre rôle de conseiller au commandement est évidemment en lien avec le moral des troupes. Il s’agit d’être en mesure d’apporter aux chefs des informations sur l’état moral des soldats, informations qu’ils peuvent utiliser dans leur prise en compte de la dimension humaine des unités.

 

Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad. Elle regroupe environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.

* Le fuseau Est regroupe le Niger et le Tchad.