Dieu à l’oeuvre dans nos missions

Témoignage du P. Étienne, aumônier de la garnison de Bayonne, qui répond à notre question : « Comment voyez-vous Dieu à l’oeuvre dans votre ministère ? ».


« L’œuvre de Dieu… Comment ne pas penser d’abord aux sacrements, action mystérieuse de Dieu dans nos vies. Cette vie sacramentelle est le cœur du ministère du prêtre, de l’aumônier, et par elle passe la grâce… » Témoignage du P. Étienne, aumônier de la garnison de Bayonne, qui répond à notre question : « Comment voyez-vous Dieu à l’oeuvre dans votre ministère ? ».

 

« L’œuvre de Dieu c’est Dieu à l’œuvre. Ca peut paraitre idiot mais il est bon de l’écrire aussi ainsi. Pour que Dieu redevienne sujet. Et si c’est Dieu le sujet, par définition, ce ne peut être moi… Les méthodes pastorales et autres outils d’évangélisation en vogue nous font courir le risque du volontarisme et d’une organisation décidée et orientée de l’œuvre de Dieu, qui dès lors aura bien du mal à être l’œuvre de Dieu… En plus, tant qu’on se concentre sur l’autre (que l’on veut convertir) on ne se concentre pas sur soi-même, alors que la première conversion à souhaiter et à laquelle travailler, c’est la sienne.

 

Il est évidemment de bon ton qu’un prêtre souhaite que l’œuvre de Dieu se réalise dans son ministère. Il y a ce que nous voyons, ce que nous arrivons à relier d’une manière ou d’une autre à l’action pastorale. Et puis il y a le reste. Preuve éclatante que tout cela est définitivement l’œuvre de Dieu.

 

Les voies de la Providence

 

En quittant ma première affectation, au bout de 3 ans, j’ai fait le tour pour saluer les gens. Jamais je n’oublierai le passage dans le bureau du trésorier, qui assurait le suivi complexe des indemnités pour service en campagne et des IAT, avec qui nous parlions donc souvent, mais plus de l’écu à l’effigie de César que du Bon Dieu, qu’à dire vrai, nous n’avons jamais évoqué. Aussi quand il répondit à mes adieux « vous m’avez redonné la foi », je me suis retourné pour voir s’il y avait quelqu’un derrière. Il n’y avait personne… Ou plutôt si justement : Dieu ! Cette expérience m’a profondément marqué dans l’approche de mon ministère et de l’œuvre de Dieu qui s’y déroule, d’une manière qui nous dépasse.

 

Bien plus tard, au début d’une opex, un jeune me dit qu’il passera poser des questions. Le lendemain je lui dépose un petit « lot » : chapelet, nouveau testament, livret Le militaire chrétien. Il ne passera jamais… Au moment d’écrire mon CRFM, en relisant ce temps d’opex, j’analyse cet épisode comme un échec, avec les remords qui vont avec. 3 ans après, en métropole, ce sous-officier encadre des classes et nous nous retrouvons ensemble à la marche des fourragères. Au bout de 6 heures de marche côte à côte, après avoir discuté de tout et de rien, il lâche « Au fait, j’ai fait baptiser ma fille. Le Nouveau Testament que vous m’avez offert est sur ma table de nuit et je l’ouvre de temps à autre. J’ai compris qu’on ne m’avait pas enlevé ma mère (défunte), que je pouvais continuer à lui parler, et je suis retourné sur sa tombe. » Si donc il n’était jamais venu poser ses questions, c’est qu’il avait trouvé les réponses tout seul, ou plutôt directement auprès de Dieu, dans la fréquentation des Ecritures.

 

Je conclurai en citant un fidèle lors d’une opex, faisant plus allusion à ma désinvolture qu’à ma sainteté : Ce qui est bien avec vous c’est qu’on ne peut pas douter que la grâce existe.